La Chine a profondément influencé la culture des pays voisins. Ensemble, ils ont créé le shodo, la voie du pinceau.

Étant donné le stade de civilisation qu’avait connu la Chine sous la dynastie des Tang aux 7e, 8e et 9e siècles, les pays alentour, comme le Japon, la Corée, le Viêtnam, étaient attirés par cette culture et cette civilisation et par la langue chinoise, les caractères chinois.

La civilisation de l’écrit chinois s’est donc répandue dans ces différents pays. Mais chacun l’a incorporée suivant son ressenti, sa propre langue, etc. Et chacun a développé une manière de calligraphier propre. Ils ont aussi fait entrer dans leur langue des syllabaires, des petits signes plus proches d’un alphabet, qu’ils ont mélangés aux caractères chinois. Tous emploient le pinceau, tracent des caractères chinois, mais utilisent aussi des systèmes syllabiques.

Shodo, la voie du pinceau

Les Vietnamiens, qui ont subi plus tôt l’influence de la Chine, ont été encore plus loin, ils ont été encore plus créatifs et ils ont inventé eux-mêmes, en plus des caractères chinois, leur propre système idéographique et pictographique pour transcrire leur langue sur le modèle du chinois. Ils ont inventé des caractères propres à leur langue, sur le modèle du chinois, le chu nom.

Plus qu’un art, une voie spirituelle

Les Asiatiques ont fait de la calligraphie un art non seulement pictural, mais également spirituel. C’est pour cela qu’on ne parle pas de la calligraphie comme d’une belle écriture, d’une belle forme, même si c’est aussi cela. Les Japonais, notamment, en parlent comme d’une voie, qui consiste à écrire des caractères au pinceau. Ils appellent ça le shodo. C’est une voie d’expression de son esprit à travers la calligraphie.

On peut bien évidemment pratiquer la calligraphie sans pratiquer le Zen, c’est tout à fait beau aussi. Mais, dans la manière de faire telle que je vous l’ai montrée, on part d’un élan qui naît de l’immobilité, qui naît du Zen, du calme, du silence et également du fait de ne pas entretenir quoi que ce soit, de laisser passer les pensées, de ne pas être accaparé par quoi que ce soit, mais simplement d’être concentré dans une posture. Les jambes croisées, sur un coussin qui permet de basculer le bassin vers l’avant et d’ouvrir toute la cage thoracique. Dans cette posture, on ramène les mains, ça permet d’unifier, de centrer. C’est la posture de méditation du Zen, hokkai jo in.

C’est à partir de ça, et à partir de l’élan, de l’activité, que va surgir la calligraphie. Pas à partir de quelque chose de compliqué, de vouloir faire bien, ou même de vouloir faire beau ou quoi que ce soit. Simplement à partir de cet élan de vie, de cet élan du Zen, de cette impulsion : le shodo, la voie du pinceau.