On a encore voulu prendre un chat à la maison sans jamais pouvoir y arriver. Les rats mangeaient les provisions, rongeaient les affaires et les vêtements et jonchaient le sol de leurs petites crottes et de leur pisse jaune. Le soir, ils faisaient encore un vrai vacarme et ce toute la nuit jusqu’au l’aube où seulement ils faisaient une petite pause. Le bruit était tel que grand-mère, mon père et ma mère en perdaient souvent le sommeil. Et même en plein jour, ils sortaient de leur trou et cherchaient de la nourriture sans se cacher le moins du monde.

Un jour, grand-mère aperçut un rat. Elle passa rapidement mais quelle ne fut pas sa surprise de voir que ce rat n’était nullement effrayé et poursuivaient son petit bonhomme de chemin comme avant. Ce n’est que lorsque grand-mère se rua vers lui qu’il fit un bond en avant, esquissa une fuite puis jeta un regard en arrière et alors seulement s’engouffra à pas mesurés dans un trou. Cela mit grand-mère dans une colère monstre. Elle souleva un tabouret qu’elle envoya se fracasser contre la souricière. C’était réellement insupportable et on emprunta alors le gros chat bariolé d’à côté. Mais finalement, la chat bariolé qui appartenait à l’oncle n’avait pas très envie d’assumer sa tâche chez nous. Il arrivait souvent que lorsque tombait la nuit, après avoir émis une série de miaulements et ainsi effrayé les rats, le chat passait par la fenêtre et se précipitait chez lui. L’hiver touchait à sa fin et le printemps arrivait. A la fin du printemps de cette année, ce qui étonna tout le monde c’est que les rats furent soudain plongés dans une détresse absolue. Ils étaient souvent poursuivi par quelque chose et finalement on entendait des couinements pathétiques. Après une semaine, le nombre de rats diminua d’une manière évidente. Ce n’était pourtant pas le fait du chat bariolé d’à côté et il n’y avait aucun autre signe ni réaction anormal.

Qu’est ce qui se cachait derrière tout cela à la fin ?

Du moment où l’on y prêta attention, on découvrit très vite le secret. L’origine de tout cela était en fait un grand serpent qui était apparu dans la maison. Je vis cette après-midi-là de mes propres yeux ce serpent non venimeux de couleur sombre. Moi et ma petite soeur jouions dans la pièce principale quand soudain nous entendîmes des sifflements puis en suivant des yeux l’endroit d’où venait les bruits, nous aperçûmes un long serpent robuste aux teintes étincelantes qui rampait rapidement sur le sol sifflant comme le vent. Devant lui s’enfuyait un gros rat. Le rat grimpa sur le mur grossier en terre et en un clin d’oeil se retrouva sur la poutre de la maison. Le serpent leva la tête et telle une flèche bondit sur le mur, se tortilla et arriva à se glisser sur la poutre. En un rien de temps, le serpent poursuivit le rat qui courrait sur la poutre vers une autre pièce de la maison puis disparut.
Après une telle scène, j’étais totalement effrayé et j’averti mon père de ce que j’avais vu. Après qu’il m’ait écouté, il prit un air grave et ne dit plus rien pendant un long moment. « Papa, j’ai peur, j’ai peur.. » je marmonnai en regardant le visage de mon père. « Je dois trouver une solution, sinon, si quelqu’un est mordu, ça pourrait être très grave et je le regretterai toute ma vie. », voilà seulement ce qui sortit de la bouche de père après un très long moment.
Ce n’est que lendemain, au crépuscule, après une journée d’attente que père aperçut le serpent. Se saisissant d’une pelle toute tachetée de rouille, son corps se détendit tel un arc en une fraction de seconde. On entendit alors seulement un bruit sec, pah ! Père, d’un coup de pelle avait touché le cou du serpent. Ce dernier s’arrêta un temps puis il se remit à nouveau à ramper mais il était évident que sa vitesse diminuait grandement
C’est à ce moment-là qu’apparut grand-mère, elle prit des mains de père la pelle et se mit à crier « Mon fils, tu ne peux pas la frapper, tu ne peux pas, c’est un serpent domestique et le serpent domestique est un dieu, ce n’est pas possible de le frapper. Est-ce que notre maison n’est pas la proie des rats, les grands esprits on fait venir sur terre, dans notre maison le serpent domestique pour qu’il éradique ce fléau…»
Père dit : « D’où vient ce dieu, c’est bien plutôt du bois derrière la maison qu’il s’est incrusté ici ! Dans deux jours, lorsqu’il aura terminer de manger les rats, il mangera alors les Hommes, ce sera alors trop tard pour faire appel aux divinités. » Tout en parlant, il se dégagea de l’emprise de grand-mère, se précipita en avant, souleva la pèle et heurta violemment la tête pointu du serpent.
Le serpent s’arrêta de glisser et pétri de douleur, il se recroquevilla sur lui-même imbibant de son sang la terre jaune.
« Tuer un serpent domestique ne peut qu’apporter le malheur, Bouddha protégez-nous… » s’exclama grand-mère. Pliant les jambes, elle se mit dévotement à genoux, joignit les mains et n’arrêta plus de prier.
Père brandissait la pèle, « pah, pah, pah » qui venait s’écraser sur le corps du serpent. Très vite, ce dernier fut transformé en charpie…

Note :

Le serpent de cette histoire est le « Qing she » ou serpent de couleur noire, bleu-vert… Son nom scientifique est Zoacys dhumnades, il est inoffensif pour l’être humain et prédateur pour les rongeurs et autres petits animaux.